PERIPLE NORVEGIEN

 

     Texte de David, photographies de dread

 

 

            Galerie photo
                  1- Le Lysefjord
 
 


                            

Dimanche 13 août 2006 -6h35- Bordeaux–Paris

 Nouveau départ sur les routes du monde. Une petite flamme se réveille en moi. Cette petite étincelle qui me pousse vers l’inconnu reprend de la vigueur au rythme régulier de la progression du train. Nous quittons la chaleur estivale  bordelaise pour les étendues sauvages nordiques. Mon amour et moi allons “poser nos valises” en Norvège quoique l’expression soit peu appropriée puisque nous n'allons pas souvent poser les lourds et encombrants sacs à dos qui seront pour nous, et surtout pour Audrey, un fardeau. Est-ce réellement le manque d’argent qui nous pousse à partir “en routards” ? Quels avantages compensent les souffrances de ce voyage éreintant ?

     Voilà, le train a atteint sa vitesse de croisière, le « tacatac » est plus rapide et les gens autour de moi n’ont pas résisté à ce rythme berçant. Les adultes dorment tandis que leurs enfants plein de vie s’amusent, heureux d’avoir échapper à la vigilance de leur parents. J’écris, mon amour dort.

-12h20h- Paris-Oslo

     Mon habitude des voyages reste limité et le stress de l’avion me gagne. Calé au fond de mon siège bleu, j’écris pour m’occuper l’esprit. Le bruit de l’air conditionné m’oppresse mais le désir du voyage reste plus fort. Les va-et-vient de l’hôtesse pour tout vérifier, gestes automatiques et répétitifs du rituel de départ, annoncent l’approche du décollage. Le danger du voyage se profile à mon esprit. Je me prête à imaginer le long périple des voyages au siècle dernier, un bateau lancé contre l’océan déchaîné, dans les tempêtes de la mer du Nord. Je m’estime donc heureux de n’avoir que deux heures de risque moderne contre les jours et les jours d’hier.

Mardi 15 Août 2006 -22h07-Sangesand 

2-Oslo

     Que de chemin parcouru depuis l'atterrissage sans heurt à Oslo. En attente de notre train pour Stavanger, première étape fixer à l’avance, nous flânons dans les rues de la capitale, allant de l’hôtel de ville au port en passant par le Palais Royal. Oslo, une ville européenne avec ces beaux bâtiments d’une autre époque mais aussi et surtout ces grands magasins et son Mac Donald. Pas assez dépaysant, plutôt décevant. Petite aventure de la gare : toilettes payantes 10 Nok soit 1€30, du vol pour nous! En fin de compte nous avons satisfait nos besoins naturels sur le quai de la gare, gratuitement mais en toute illégalité.

 

3- Gare d'Oslo

 

13/14 août 2006                                   

Oslo - Stavanger                                                       Haut de page

Le train de nuit qui nous conduira à Stavanger en 8h30 de trajet s’élance de la gare d’Oslo. Nous sommes dimanche soir et nous voyageons en compagnie de nombreux militaires de la marine rentrant de permission. Le train est tout confort: sièges inclinables, couverture, oreiller gonflable, boules-quiès et un masque pour les yeux. Toute la panoplie pour pouvoir dormir et voir le temps passer bien plus vite.

4- Stavanger, vieux quartier

     Nous arrivons enfin à 7h30 du matin à Stavanger, le café s’impose avant de pouvoir aller errer dans ses ruelles. Ville enrichie par la récente découverte du pétrole. Elle semble d’ailleurs retaper à neuf depuis peu. Le coin le plus charmant à nos yeux est le vieux Stavanger, quartier aux ruelles étroites et pavées, aux maisons blanches en bois accrochées à la colline face au port.

 

Stavanger - Sangesand                                                     

 

 

Après une longue hésitation sur la destination à prendre, nous embarquons pour notre première traversée en ferry pour rejoindre Tau de l’autre côté du fjord. De là nous tendons le pouce tout en marchant sous la pluie ce qui nous donne l’occasion de sortir nos belles capes de pluie qui nous servirons beaucoup moins souvent que nous l’aurions imaginé. Après une vingtaine de minutes et quelques dizaines de voitures, une camionnette s’arrête. L’homme rentre du travail et porte encore sa tenue jaune fluo d’employé de station service. J’échange quelques mots avec lui dans un anglais approximatif tout en essayant de traduire à Audrey. Très sympathique, il fait un détour de quelques kilomètres pour nous déposer au départ du sentier qui nous mènera à Preikestolen.

5-Vue sur le Lysefjord depuis Preikestolen.

 

 

C’est parti pour une première randonnée norvégienne. Une foule de “touristes” étrennent leurs chevilles sur le sentier caillouteux pour profiter de la superbe vue sur Le Lysefjord. La pluie est au rendez-vous et à notre grand étonnement les personnes qui nous entourent sortent les parapluies! Nous décidons ensuite de poursuivre la randonnée un peu plus loin et contrairement à la foule de promeneur qui retourne vers le parking et leurs voitures, nous bifurquons sur la droite. Après un moment à tâtonner parmi les épineux pour ne pas perdre ce que l’ont croit être le chemin, nous nous retrouvons dans une cuvette boueuse entre deux lacs.

Une fois n’est pas coutume, la Corse ressurgit à notre mémoire, et nous finissons par admettre notre bévue, nous nous sommes trompés de sentier. Mais notre erreur n’est pas totale puisque nous dénichons un endroit magnifique pour passer la nuit : sur les rives d’un immense lac entouré par la montagne. Cette première nuit au sein de la nature nous comble de satisfaction sans pour autant nous éviter les courbatures le lendemain à notre réveil matinal.

 

 

 

6- Réveil matinal

 

Nous rebroussons chemin tout en dégustant de succulentes myrtilles dont la nature norvégienne regorge. De retour à l’embranchement de la veille, nous retrouvons le sentier marqué d’un « T » rouge en moins de cinq minutes ! Nous décidons donc de poursuivre cette randonnée qui nous mènera à Sangesand via Bratelli et Brakken. Décision que regrettera finalement Audrey après neuf heures de marche. Le paysage est grandiose, nous serpentons dans une vaste forêt à la fraîcheur de l’ombre des arbres puis brûlons sous un soleil de plomb, gravissant surplomb rocheux après surplomb rocheux. Par moment nous surplombons le Lysefjord d’une hauteur vertigineuse et quelques heures plus tard longeons ses eaux calmes. Mais la fatigue s’accumule et la fin de ce second jour de marche devient difficile pour Audrey qui commence à maudire les pierres et le chemin tortueux. Le paysage magnifique s’est estompé de nos esprits, les yeux fixés sur nos pieds, nous progressons lentement, guettant le moindre faux-pas que nos jambes lourdes de fatigue rendent peu sûrs. Nous finissons par atteindre Sangesand avec un grand « Ouf » de soulagement pour ma belle, perclus de fatigue.

 

              

 

Une improbable rencontre.                          Haut de page

 

       Je souhaite revenir sur le premier évènement marquant de ce voyage, une rencontre inoubliable.

         Aux alentours de midi, nous décidons de faire halte aux abords d’une cabane perdue dans la montagne, sur les rives d’un lac aux eaux sombres. Avant que nous ayons eu le temps d’ouvrir nos sacs pour attraper de quoi nous sustenter, un vieil homme vient à notre rencontre d’un pas tranquille, scie à la main et couteau de chasse à la ceinture. La première minute est silencieuse, nous nous dévisageons mutuellement. Les images défilent et je plonge dans un thriller américain. Je nous imagine découpés en morceaux par ce vieux norvégien à la scie. Ce bref instant de délire et d’appréhension s’évacue rapidement et je suis ramené à la réalité au moment où il nous salue et nous demande d’où nous venons dans un parfait anglais.

     L’homme est grand, son corps d’athlète dégage une étrange force qui ne s’accorde pas avec les rides marquées de son visage et ses cheveux blancs qui trahissent son âge. Sa tenue me rappelle celle d’un bûcheron canadien, chemise rouge à gros carreaux et jean. Nous parlons donc avec cet ermite qui passe tout ses été ici, seul dans sa minuscule cabane sans eau ni électricité qui date du XIX siècle. A notre grand étonnement, il nous dit que cette magnifique randonnée est très peu fréquentée et content de pouvoir faire la cosette avec deux jeunes français, il nous invite à « visiter » son humble demeure. Il nous montre sa cuisine à ciel ouvert : un barbecue bricolé sur lequel cuisent deux petits poissons sans doute péchés peu avant notre arrivée. A l’intérieur deux pièces encombrées dont un dortoir avec deux lits superposés pour les randonneurs égarés. L’homme nous invite au salon et nous montre avec fierté ses cahiers retraçant une vie de souvenir d’improbables rencontres. Emotions garanties, c’est avec un sentiment étrange que nous quittons ce montagnard d’une autre époque.

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Sangesand                        

 

         Nous décidons de passer la nuit en cet endroit perdu. Un quai où s’arrête deux fois par jour un ferry et deux fermes. Nous avons la mauvaise sensation que le départ du lendemain sera délicat mais nous n’avons plus assez de force pour s’inquiéter.

         Nous nous installons sur une improbable table de camping en ce lieu désert afin de reprendre des forces avant de monter la tente.

Tiens une voiture. Un homme en descend et vient nous demander si nous savons où il est possible de planter la tente. Nous ne sommes donc pas les seuls à échouer en cet endroit désolé. Nous lui indiquons où nous comptions nous-même passer la nuit et après en avoir discuter avec sa femme, ils décident d’être nos voisins d’une nuit. Souvenir cocasse de deux couples s’activant chacun de son côté à l’aménagement d’un espace intime provisoire dans ce champ au bord du fjord. Ils nous invitent ensuite à partager leur repas et c’est autour du réchaud que nous faisons connaissance avec ce couple d’Italie du nord-est, Daniela et Claudio. Nourriture italienne, pasta oblige avec une sauce au pesto.

Délicieux ! Le tout accompagné d’un vin pétillant et des quelques girolles que nous avions trouver sur le chemin. Après ce copieux repas, les propriétaires des lieux s’invitent au dessert, et oui, les chèvres étonnées de voir leur pré transformé en camping, exigent une compensation : nos poubelles. Après leur avoir lancé un juron en italien, Claudio perche les poches contenant les restes du repas en hauteur dans arbre.

 

 

        Halte photo

Après une nuit pluvieuse et un petit déjeuner matinal avec Nutella, s'il vous plaît. Claudio et Daniella, que nous remercions encore aujourd'hui, décident de continuer leur voyage vers Ardal. Malgré leur voiture fortement chargée, ils nous proposent de nous faire avancer dans notre périple. Ce sera donc sous nos sacs à l'arrière de leur voiture que nous allons atteindre Ardal puis Hjelmeland où nous avons pris un ferry pour Nesvik. Sur la route jusqu'à Sand, nous faisons une halte photographique et profitons des framboises que l'ont trouve généreusement sur le bord de toutes les routes norvégiennes. A Sand nos chemins se séparent avec un léger pincement au coeur. Adieux Claudio et Daniella  et encore merci pour votre générosité. C'est par ces rencontres imprévues que l'on se remet à croire en la bonté de l'homme.......

 

   En attendant le bus

 

                  

 

Mercredi 16 août/ Jeudi 17 août.

Sand – Odda

 

 

 

 

A Sand la chance nous quitte un instant. Installé à la sortie de la ville, nous tentons le stop pour Håra, notre prochaine halte. Le stop n'ayant pas porté ses fruits, nous décidons d'attendre le seul bus, à l'arrêt que nous supposons être le bon. Eh bien non, il nous passe sous le nez et nous voilà bloqués dans cette minuscule ville sans grand intérêt. La journée étant peu avancée, nous commençons à marcher tout en tendant le pouce pour forcer la chance et parvenir à notre prochaine étape  distante de 70kms pour passer la nuit. Un homme s'arrête enfin, au volant d'un pick-up et nous fait avancer de 10kms environs. Sympathique, il nous parle de la rivière saumoneuse que nous longeons et nous apprends que le record de Norvège a été établit dans ces eaux. Un saumon de 35kg!! Petite pensée pour Cyril (le frère d'Audrey) qui serait au paradis ici. Il nous dépose dans un lieu complètement paumé. Le pouce se retend à chaque rare passage d'un véhicule.  Après avoir envisager de dormir sur place, une jeune femme nous fait progresser de quelques kilomètres. Elle nous dépose à l'entrée de Suldassossenet que nous traversons sac au dos. Une fois sortie de la ville nous nous posons et attendons une personne généreuse. Et pendant plus de deux heures nous allons rester là, au bord de cette route désertée, sans le moindre succès. Le soir s'approchant, nous plantons la tente juste en contrebas de cette maudite route, au bord d'un gigantesque lac.

         Le lendemain matin, nous repartons en direction de Suldassossenet avec l'intention de prendre le bus raté la veille pour gagner Odda. Sur le chemin nous tentons le stop. Téméraire? La première voiture qui passe, après cinq minutes de marche, s'arrête. C'est un jeune homme qui nous invite dans sa voiture. Il est sans doute en route pour le travail et va nous conduire rapidement à Håra. Eh oui! Les aléas du stop, une heure de frayeur dans cette voiture lancée à 100km/h sur une route de montagne sinueuse ponctuée de nombreux tunnels. Sympathique, nous discutons mais sa conduite sportive joue des tours à mon estomac et c'est sans dire un mot que le trajet se termine. Nous descendons avec la nausée, le remerciant tout de même. Nous nous posons à un arrêt de bus. Nous essayons de déchiffrer la table d'horaires. Incompréhensible. Nous croisons donc les doigts dans l'espoir qu'un bus passe.  En attendant, c'est reparti pour le stop, après avoir fait un "beau" panneau ODDA, confiant de notre réussite précédente. Nous allons vite déchanter au bout d’une heure infructueuse à regarder passer de nombreuses voitures. Et toujours aucun bus en vue, nous commençons à croire qu'il n'y en aura jamais. C'est donc à pied que nous traversons le village d'Håra, accroché à la colline. Arrivée en haut, un minibus se présente. Sans savoir si l'endroit est un arrêt, nous n'hésitons pas une seule seconde à faire de grands gestes pour l'arrêter. Nous avons encore failli rater un bus et c'est avec soulagement que nous montons rejoindre les quatre têtes blondes qui l'occupent.

 

 

 

         Nous sommes enfin parvenu à Odda vers 13 heures après une longue matinée. Nous faisons quelques courses avant de monter vers le camping situé au bord d'un lac aux eaux laiteuses. A notre arrivée, la réception est fermée. Personne n'est là pour nous accueillir, nous allons donc nous installer librement. Lessive. Vaisselle. Repas. Et nous voilà repartis sans perdre de temps vers le glacier Folgefonni. Se sentant léger sans nos sacs à dos, les cinq kilomètres qui séparent le camping du début de la randonnée nous paraissent légers. Le torrent au débit impressionnant que nous longeons descend directement du glacier. Ses eaux véhiculent le froid du Folgefonni. Peu après le début de l'ascension, nous croisons un couple de français d'une quarantaine d'année originaire de Lille qui montent eux aussi tandis que toutes les autres personnes croisées redescendent.  Nous réalisons que nous ne sommes pas les seuls fous à monter à une heure aussi tardives (16h30).

 

 

 

      Vers le glacier

 

Le chemin est impressionnant avec quelques passages amusants, pont suspendu, traversés du torrent et pentes à gravir à l'aide d'une corde. Là haut, spectacle grandiose de la puissance de la nature d'autant plus que nous approchons pour la première fois un glacier. Nous sommes en plein mois d'août mais, aux abords du glacier, la température doit être proche de 0° degré. Contre ce froid mordant le k-way est utile. Nous retrouvons les deux français qui, à leur rythme, nous rejoignent au sommet. Nous discutons un instant et, gentiment, ils nous proposent de nous ramener au camping une fois en bas. Nous acceptons sans hésitation et c'est donc ensemble que nous amorçons la descente. Après quelques minutes seulement, la femme chute assez violemment et son mari, essayant de la retenir, est emporté par son élan. Je me précipite vers eux tandis que la femme se relève avec seulement quelques égratignures. Son mari, moins chanceux, est mal retombé et souffre de la cheville. Il reste quelques minutes assis, livide. En fin de compte, il se relève et se demande s'il va être capable de redescendre. Inquiétude. Nous nous demandons si nous allons devoir descendre rapidement pour chercher du secours. Mais c'est avec deux bâtons, effectuant une partie du chemin sur les fesses, qu'il va parvenir à effectuer le retour.  Ne souhaitant pas les abandonner là, nous les accompagnons durant cette interminable descente. L'homme dont le prénom nous échappe aujourd'hui, ne perdra jamais son sens de l'humour malgré la situation. Une fois parvenu en bas l'angoisse redescend, les langues se délient et nous engageons la conversation. Arrivés à leur camping-car à la tombée de la nuit, ils nous invitent à partager leur repas. Le camping-car est tout confort. Ils nous font partager les émotions de leurs différents séjours en Norvège. Vers minuit nous sommes dans notre tente et espérons que la fin de leur séjour n'aura pas été gâchée par cet incident. Nous saluons encore leur gaieté à toute épreuve... Adieux à vous deux...

 

 

 

 

 

                  

 

 

  

 

 

 

                                                  

 

 

 

 

 

 

 

 

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